Exposition Albert Lebourg chez Bernheim-Jeune et fils en 1899…
EXPOSITION A. LEBOURG
Jusqu’au 20 décembre, on pourra voir encore, chez Bernheim jeune et fils, une cinquantaine de toiles de Lebourg. Elles sont d’une jolie variété. Les unes, aussi colorées que des Jongkind, traitées dans un sentiment puissant, comme les Bateaux dans le port de Rouen (no 21), Canal à Delft (no 32), et surtout comme les Bords de rivière le soir (no 5), où il y a tant de silence et tant d’espace sous un ciel déjà tout chargé de nuit. Les autres, pleines d’agréables notes, ont un charme d’impression, et nous en voulons prendre pour témoins les vues d’Evreux (nos 23 et 27). Enfin, il en est d’enveloppées, peintes dans un ton délicatement interprété, avec des ciels légers et des lointains fuyants. J’ai une prédilection pour ces dernières. Le Canal à Delfl (no 8), d’une si délicieuse harmonie bleue, est un exemple excellent ; mais la perle devant laquelle nous sommes en admiration, sans mélange, c’est le n° 11 : Le Parc de Versailles, l’hiver. Givre, eau glacée, fuite du grand canal dans les fonds, ciel froid, statue de arbre neigeuse, branchage roux, tout cela est lumineux, argenté et plein d’atmosphère. Il y a longtemps déjà que M. Lebourg a conquis la réputation qu’il méritait et il n’y a plus à défendre son talent. Il appartient à cette vaillante phalange de peintres qui perpétuent la vraie tradition picturale et qui, ayant été des inventeurs, ne renient pas cependant leur parenté avec des maîtres comme Corot, Rousseau, Troyon, Daubigny. C’est un art qui met en œuvre tous les moyens du métier, qui puise aux sources des beautés naturelles et trouve dans la simplicité le chemin de la grâce.
Julien LECLERCQ.
Source :
LA CHRONIQUE DES ARTS ET DE LA CURIOSITÉ.
No39 du 16 Décembre 1899.
SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS.